Comme cela avait été prédit, Air Defender 2023, qui s’est tenu principalement en Allemagne durant le mois de juin, a été un des plus importants exercices de l’OTAN depuis des décennies. L’ampleur des moyens aériens a été sans commune mesure avec ce qui avait été vu par le passé. Pour preuve, afin d’accueillir sur son territoire tous les avions déployés, la Luftwaffe mis à disposition de ses alliés des bases aériennes qu’elle n’utilisait plus depuis des années comme celle de Höhn (nord du pays) où bien encore celle de Lechfeld (sud).
Des avions partout
Pour Air Defender, en plus de toute la Luftwaffe qui était bien évidemment sollicitée, il fallait noter la présence de Gripen hongrois, de F-16 turcs et grecs (jamais l’un sans l’autre…), de Typhoon anglais, d’Eurofighter italiens et espagnols ou bien encore de Hornet finlandais. D’autres machines de l’alliance participaient à cet exercice depuis leurs propres bases. Mais ceux qui se taillaient la part du lion avec une présence massive étaient les Etats-Unis. L’Amérique, qui ne fait jamais rien à moitié, démontra une nouvelle fois que l’OTAN n’existerait pas sans sa présence.
Le but poursuivi par les États-Unis n’était pas de déployer sur le Vieux Continent ses matériels de pointe avec F-22 et autres F-35 (à part un petit nombre de la garde du Vermont à Spangdhalem), mais d’envoyer de la masse en sollicitant en premier lieu l’Air National Guard. Alors oui, les A-10, F-16 et F-15 sont dorénavant de vieilles machines. Mais en plus d’être encore extrêmement capables, ces appareils, quand ils sont déployés par dizaines comme c’était le cas pour Air Defender, représentent encore une puissance aérienne terriblement crédible.
La Garde, en plus d’être sollicitée pour la chasse, l’était aussi pour tout un tas de missions annexes. Ainsi tous les jours des dizaines de Hercules, KC-135 et autres KC-46 sillonnaient l’Allemagne de long en large afin d’offrir tout le soutien nécessaire aux forces de première ligne.
En plus de l’US Air Force il fallait noter la présence remarquable de Super Hornet et Growler du Carrier Air Wing Eight (CVW8) stationnés sur la base de Höhn, ceux-ci venant de l’USS Ford (CVN78) qui croisait entre la Norvège et la Méditerranée.
Bousculer les habitudes
Si en Allemagne les règles régissants les vols militaires sont plutôt contraignantes avec des horaires de vol peu étendues, ainsi que des couloirs et altitudes à respecter, il faut reconnaître que les américains et leurs alliés balayèrent ceci d’un revers de la main. En effet si l’interdiction des vols de nuit et du week-end fut préservée, les vols ne prenaient pas fin à 17 h comme c’est habituel. Ici des missions prenaient fin parfois à presque 20 h, les missions se succédant toute la journée avec des départs de dizaines d’appareils. Certaines missions (pour les EA-18G par exemple) pouvaient durer plus de quatre heures. Il n’était pas rare de voir se poser un Learjet de la société GFD (red air et tractage de cibles) pendant qu’un autre attendait de décoller au point d’arrêt !
D'autre part comme il est courant avec les américains, quand ceux-ci déploient des machines, c’est pour les faire voler, aussi il n'était pas rare qu'ils enchaînent trois tours par jour. Dans le cas des avions de la Navy, les huit machines stationnées à Höhn volaient toutes au moins une fois dans la journée. Mais certains alliés n'étaient pas forcément au diapason, les anglais par exemple avec leurs quatre Typhoon, ne faisaient voler quotidiennement qu'une unique paire pour un simple tour...
A noter, qu’avec l'accélération du renouvellement de la flotte de l'Air Combat Command et de l'Air National Guard, que des machines d'unités fraîchement dissoutes ou transformées avec de meilleurs potentiels, soient reversées dans d'autres unités. Mais les mécaniciens n'ont pas toujours le temps de repeindre les machines dans leurs nouvelles couleurs. Ainsi durant Air Defender, il était possible d'admirer un superbe F-16 de la garde d'Alabama avec sa dérive rouge qui se transforme sur F-35, ou bien encore un rare Eagle portant toujours son mythique code ZZ après que l'unité ait été dissoute à Kadena.
Quel message?
Il est évident que cet énorme exercice avait pour but de faire passer un message. De la même manière il n'était pas compliqué de savoir à qui celui-ci s'adressait.
Force est de reconnaître qu'un tel déploiement de puissance aérienne montra à quel point l'OTAN reste un outil militaire sans équivalent.
Preuve de l'importance de cet exercice pour les allemands, qui conservent une position ambiguë vis-à-vis de la chose militaire, ce fut le chancelier Olaf Scholz en personne qui assista au mediaday organisé sur la base de Jagel.