Présence rassurante depuis des dizaines d’années sur la marguerite Nord Est du terrain de Cherbourg Maupertus, le plot SAR de la Marine Nationale est entré dans une nouvelle ère en juillet 2023 avec l’arrivée du tout nouveau H160FI de Airbus Helicopters.
Un vent de nouveauté
Ce détachement en charge de l'alerte Secours, Protection et Intervention (SPI) sur une zone allant de Saint-Malo au cap d'Antifer en passant par Jersey, a mis en œuvre pour effectuer ses missions des machines bien différentes durant ces dernières années, du Dauphin au Caïman en passant par l’EC225 pour ne citer que les plus récents. Maintenir une machine comme le NH90NFH sur ce plot, pénalisait une flotte toujours sous tension, aussi l’arrivée du H160 fut une vraie bouffée d’oxygène. D’autant plus que cette machine est visiblement très bien née.
En effet, les équipages vantent dans le désordre sa puissance moteur, son autonomie de près de 3h30 avec une tonne cent de pétrole, son pilote automatique quatre axes, son radar ou bien encore son Euroflir 410 à la résolution exceptionnelle. On peut noter aussi en cabine une carte numérique, un affichage parfaitement adapté à l'utilisation des JVN, mais aussi un AIS de série.
Quant aux techniciens, ils partagent ce même enthousiasme, et mettent en avant la facilité d’entretien de l’appareil, son système d’aide à la localisation des pannes, son temps de remise en œuvre raisonnable juste minoré par des capots moteurs se levant vers le haut et nécessitant un équipement spécifique pour travailler sur les turbines.
Un fonctionnement optimal
L’organisation est parfaitement rodée à Cherbourg. En permanence il y a un détachement de deux pilotes, quatre techniciens de la Marine Nationale (dont un cumule aussi la fonction de plongeur embarqué) et enfin trois personnes de Babcock. En effet, les H160 actuellement dans les forces font l’objet d’un contrat de location auprès de cet opérateur bien connu des armées françaises, et donc les techniciens civils détachés à Cherbourg sont les seuls habilités à valider les interventions réalisées sur l’hélicoptère. Ce détachement est doublé, ainsi chaque groupe prend l’alerte deux semaines, pendant que l’autre est en repos durant cette même période. Les chefs de détachement ont des périodes de rotation différentes du reste du détachement afin de travailler avec l’ensemble des deux équipes sur le mois. Les deux chefs ont des parcours solides au sein de la Marine, le premier fut entre autre com’ op’ de la 34F quand elle volait encore sur Lynx, le second - diplômé de l’EPNER - fut durant sa carrière pilote de marque du H160 au sein du CEPA. Quant aux techniciens, même s’ils confessent qu’être absent de chez soi deux semaines par mois peut parfois être pesant, ils reconnaissent aussi que cette organisation leur offre une vraie visibilité sur leur temps de repos avec leur famille, et qu’au final embarquer régulièrement sur un navire est surement plus contraignant. L’affectation sur ce plot dure en général deux ans.
SPI
Cet acronyme englobe les différentes missions effectuées par le plot de la 32F à Cherbourg.
Il y a tout d'abord la surveillance et l’éventuelle détection de pollution marine volontaire ou non des nombreux bateaux navigants dans cette zone. Il y aussi une mission classique pour la Marine Nationale qui est la surveillance des pêches. Enfin il y a la mission SAR (Sauvetage en Mer). Le contrat fixé aux équipages est de pouvoir décoller en une heure de jour, et en deux heures de nuit. Mais la réalité est bien autre, et les équipages décollent plutôt en 15 minutes la journée, et en 25 minutes une fois le soleil couché.
A l'approche des célébrations du 80e anniversaire du débarquement, le plot 32F de Cherbourg souhaita marquer aussi cet événement. Aussi il fut décider d'apposer des bandes d'invasion sur la poutre de la machine ainsi que sur les profondeurs. Mais ceci ne fut pas une mince affaire, car tout d'abord il fallu obtenir les autorisations conjuguées d'Airbus, de Babcock, de l'Alavia et du commandant de la 32F. Ensuite il fallu faire face à des difficultés techniques, rapidement la peinture fut écartée au profit de film vinyle, mais son application ne fut pas aisée sur les formes parfois tourmentées de la cellule, mais au final avec l'aide de tout le monde, la machine fut prête pour le grand jour et put même participer au meeting aérien au dessus d'Arromanches.
A noter que chacune des bandes fait exactement 32 centimètres, et que l'ensemble de ces cinq bandes fait exactement 160 centimètres. Hasard? Sûrement pas...
Un futur promoteur
La version définitive H160 Guépard de la Marine n'étant pas attendue avant au mieux 2028, cette version civile a de beaux jours devant elle. Les six H160FI de Babcock vont permettre à la Marine de créer aussi un socle solide de personnels, ce qui sera sûrement très bénéfique lors de l'introduction de la version définitive. Celle-ci intégrera un certain nombres d'équipements militaires, comme des pales repliables, un harpon pour se poser sur des navires, ou bien encore un nouveau radar.
Bref la silhouette de cet élégant appareil n'est pas prête de disparaître du paysage du Cotentin.