Après un hiatus d'un an dû aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris, qui avaient vu son format et son déroulement radicalement modifiés, le traditionnel défilé du 14 juillet a repris sa forme habituelle pour cette édition 2025. Le volet aérien, qui est l'un des moments forts, a nécessité comme il se doit, plusieurs étapes afin d'être au rendez-vous le jour J.
BA123 Orléans, première étape
Au cours d'une canicule précoce, la première répétition du défilé s'est déroulée début juillet sur la BA123 d'Orléans. En effet, l'orientation de la piste, sa longueur et les grands espaces de la Beauce forment une combinaison idéale pour pouvoir répéter la délicate manœuvre qui aura lieu deux semaines plus tard. Délicate, car il faut répartir la cinquantaine de machines aux performances hétérogènes sur différents circuits d'attente que chacune doit quitter selon un timing très précis afin de passer au-dessus de la piste d'Orléans à l'heure prévue, à plus ou moins cinq secondes près.
Un mass briefing commun a eu lieu une heure et demie avant les premiers décollages. Celui-ci rappelait les callsigns de chacun, le dernier point météo, le vent selon les couches, les terrains de dégagement en cas d'incident, etc.
À noter qu'avec les températures brûlantes, une attention particulière a été apportée à l'hydratation des équipages. Les temps d'attente et de roulage ont aussi été optimisés au maximum afin de soulager l'inconfort des personnels dans les cabines brûlantes au sol.
Le défilé a été filmé depuis le sol mais aussi depuis les airs par un Alphajet, ceci dans le but de pouvoir analyser les éventuels défauts à corriger.
Le Général de Division Aérienne responsable du défilé semblait satisfait de cette répétition. Selon lui, la précision et l'esthétisme des différents tableaux avaient été parfaitement exécutés.
Chartres avec l'ALAT
La deuxième phase des répétitions aériennes a eu lieu une semaine après la première à Orléans. Mais cette fois, il a été question de s'entraîner directement au-dessus de Paris.
L'Aviation Légère de l'Armée de Terre s'est déployée sur l’aérodrome de Chartres avec une vingtaine de machines.
Nomade autour de Paris avec des déploiements successifs à Pontoise, Creil ou encore Saint-Cyr, l'ALAT a semble-t-il trouvé depuis trois ans le lieu idéal avec Chartres. En effet, ce terrain au sud-ouest de l'Île-de-France présente de nombreux avantages : tout d'abord, sa situation géographique qui permet, selon une navigation de 70 km plutôt simple, de rejoindre l’hippodrome d'attente à l'ouest de Paris ; ensuite, la qualité et le bon état des équipements de cet aérodrome ; enfin, un internat en ville qui permet d'héberger au même endroit les 163 personnels du dispositif. Ce lycée facilite grandement les briefings et autres réunions avec l'ensemble des militaires.
Cette année, l'ALAT a mis l'accent sur la formation avec quatre Fennec du Luc et autant d'EC120 de Dax. Mais cette édition a aussi vu sûrement l'ultime présence du Puma. En effet, cette machine mythique de l'ALAT était au crépuscule de sa carrière et seule une petite poignée de ces biturbines était encore opérationnelle au sein du 3e RHC d'Étain. Les équipages du Puma ne tarissaient pas d'éloges pour ce gros hélicoptère qu'ils comparaient volontiers à un couteau suisse capable de réaliser un large spectre de missions. La rusticité et la robustesse de la machine n'étaient pas oubliées.
Si dans d'autres armes, le défilé aérien du 14 juillet est parfois un aboutissement, au sein de l'ALAT, c'est plutôt le pragmatisme qui l'emporte. En effet, la sélection des équipages se fait en priorité selon la disponibilité des uns et des autres. Malgré tout, ce défilé n'a pas été pris à la légère et la tenue des formations et le respect du timing sont restés une priorité. En ce 9 juillet, il faisait une nouvelle fois chaud et il a fallu prendre en compte des perturbations atmosphériques pour tenir correctement les formations.
Ça gronde à Évreux
Enfin, le jour J du 14 juillet, il fut temps de s’élancer pour de bon au-dessus de Paris et de ses autorités.
Comme il est bien établi depuis de nombreuses années, ce fut depuis la BA105 d’Évreux qu'une majorité des chasseurs participant au défilé prirent leur envol. En cette année 2025, la base normande fit le plein, et ce fut près de 35 avions de chasse qui étaient présents. Le changement d’ère était bien notable, et c'était dorénavant le Rafale qui était largement majoritaire sur les parkings, cette année voyant même la première participation de l’EC 1/5 Vendée, fraîchement recréé sur la BA115 d’Orange. Au milieu de cet univers quasi exclusif de biréacteur Dassault, quelques mythiques Mirage 2000 tentaient de contester l’hégémonie du champion des exportations françaises. Tout d’abord, il fallait compter sur la présence de Mirage 2000D et B de Nancy, mais aussi de celle de Mirage 2000-5 en provenance de Luxeuil, enfin une paire de D du 1/30 Côte d’Argent de Mont-de-Marsan… et c’en était tout de la présence de ce beau delta. On notait aussi cette année une présence étrangère avec une paire d’Eurofighter italiens et une autre espagnole.
Enfin, un peu avant 9h, la base commença à résonner du grondement sourd de dizaines de réacteurs. Puis, durant une bonne demi-heure, ce fut le ballet des décollages. Chacun rejoignant son box dans les circuits d'attente à l'ouest de la capitale. Enfin, à 10h25, tout ce joli monde survola la plus belle avenue du monde.
Un gros défilé
Après les discours martiaux martelés au cours de ces derniers mois, ce défilé 2025 a apporté, par son importance, le premier signe tangible que la France place de nouveau ses armées au cœur de ses préoccupations.
Enfin, comme il est habituel, cet événement est aussi l'occasion de consolider ou d'afficher de nouvelles alliances. Cette année, ce fut au tour de l'Indonésie d'être mise à l'honneur avec des troupes au sol défilant sur les Champs-Élysées.