Comao - Taranis 2025

REPORTAGES ABOUT

Du 10 au 27 novembre, l’exercice TARANIS (Tactical Airlift Rehearsal under Advanced Non-permissive and Intensive Scenarios) s’est déroulé principalement sur les bases aériennes 123 d’Orléans et 115 d’Orange.
Placée sous la conduite de la BAAP (Brigade Aérienne d’Assaut et de Projection), cette édition 2025 a mis l’accent sur la préparation opérationnelle et l’approfondissement de l’expertise tactique afin de renforcer l’interopérabilité, la combativité et la résilience des moyens. Les équipages ont ainsi pu accéder aux plus hautes qualifications tactiques reconnues par l’OTAN.

Un dispositif aérien conséquent

L’exercice a mobilisé un large panel de moyens aériens : quatre A400M, deux C-130J, deux CN235, un E-3F, un Falcon et un TBM700. Côté voilures tournantes, étaient engagés deux Caracal, deux Fennec, un Puma, un Super Puma, un Panther et deux NH90 de la Marine nationale.

D’autres moyens complétaient le dispositif, des Rafale aux drones en passant par les appareils ALSR. Des commandos des CPA 20 et 30 ainsi que des militaires de la 11e Brigade Parachutiste participaient également à l’exercice.

Taranis 2025 servait aussi de cadre à l’obtention de qualifications du haut du spectre. Au terme de deux semaines et 80 missions, plusieurs équipages ont décroché les niveaux Mission Commander, Element Leader ou Package Leader. Parallèlement, une compétition opposant les unités de transport a permis de décerner le trophée Lionel de Marmier.

RWMCC

Le Rotary Wing Mission Commander Course (RWMCC), principal exercice de préparation opérationnelle pour les équipages d’hélicoptères, était cette année partiellement intégré à Taranis. Son objectif : qualifier trois chefs de patrouille au statut de Mission Commander. Comme pour les avions de transport, l’entraînement s’est déroulé dans un cadre “haut du spectre”. La majorité des hélicoptères opéraient depuis la BA115 d’Orange.

Une MCO de combat

Le général Mandon, chef d’État-Major des Armées, rappelait récemment devant une commission de l’Assemblée nationale que le monde militaire ne répond pas aux mêmes logiques que le monde civil. Les principes de précaution, omniprésents dans la société civile, ne se prêtent pas toujours à la réalité opérationnelle, surtout en période de crise, où seul le résultat compte.

Dans cet esprit, Taranis a mis en œuvre une véritable MCO de combat. Le maintien en condition opérationnelle, combat quotidien des armées françaises, peut parfois être entravé par des règles civiles trop lourdes. Durant l’exercice, plusieurs scénarios mécaniques ont donc été testés : désensablement d’un appareil sur une piste sommaire, remplacement complet d’un rotor d’hélicoptère en rase campagne…

Le hasard s’est même invité. Sur un terrain civil du Sud-Ouest, un A400M a subi une collision aviaire, endommageant une pièce située à l’avant du train principal. Alertées, les équipes d’Orléans ont rapidement élaboré une solution. Deux mécaniciens de la BA123 ont été envoyés sur place pour effectuer des réparations de fortune. En moins de 24 heures, l’Atlas a pu redécoller vers sa base pour subir des travaux plus lourds. L’opération, entièrement réalisée en autonomie et sans l’avionneur, illustre parfaitement l’esprit de cette MCO de combat.

Le retour de la haute intensité

Taranis illustre une nouvelle fois le changement de paradigme au sein des armées. Après des années focalisées sur les conflits asymétriques, la préparation au combat de haute intensité est désormais au cœur des préoccupations. Les discours de plusieurs officiers de l’Armée de l’Air et de l’Espace ne laissent guère de doute sur l’ennemi désigné ni sur les défis à relever.

Au-delà des matériels et des stocks de munitions, l’un des enjeux majeurs est la formation. Grâce à diverses optimisations, le cursus d’un pilote de transport a déjà été réduit d’un an. Comme le résume un général : « Celui qui formera le plus vite gagnera la guerre », car la philosophie n’est plus seulement de préparer la guerre, mais bien la victoire de demain.